Passage de Pocket à Raindrop, et partage de ma veille avec Make

Si vous utilisez Pocket, vous n’êtes pas sans savoir que Mozilla a annoncé sa fermeture prochaine… Cela fait des années que j’utilise Pocket régulièrement. Mon usage est simple, dès que je tombe sur un article qui me plait, et que potentiellement j’ai envie de partager à quelqu’un, je le mets dans Pocket. On pouvait, au passage, poser un tag sur l’article, chose bien utile pour moi, j’y reviendrai.

Bref, ils ferment Pocket. J’ai demandé les alternatives sur les réseaux, et voici les principaux liens qui pourraient vous êtes utiles :

  • Readwise : J’ai eu le sentiment que ça allait plus loin que ce que je souhaitais. Un véritable outil d’annotation de contenu…
  • Wallabag : Libre, open source, gratuit (si auto hébergé, sinon ils proposent un hébergement à 11 euros par an). Le produit a l’air plutôt chouette, mais dans mon usage je souhaite une intégration déjà établie avec d’autres outils. Et malheureusement, ce n’est pas le cas.
  • Instapaper : A creuser dans l’usage. C’est celui qui me parle le moins…
  • Raindrop : Un produit qui ressemble à Pocket, la gestion des tags, des extensions navigateurs, des apps mobiles et tablettes. Un plan gratuit, suffisant, même si ça m’effraie un peu… Un outil non rentable est un outil qui peut fermer du jour au lendemain, comme Pocket… Mais c’est aussi celui qu’on m’a le plus conseillé. ils ont du gagner un grand nombre d’utilisateurs ces derniers jours 😅. Allons-y

La migration

Elle a été hyper simple. Pocket bien entendu a fourni la possibilité d’exporter un CSV de ses liens sauvegardés, et Raindrop la possibilité de les importer. Bonne surprise, mes tags ont été gardés dans Raindrop.

Pourquoi des tags ?

Quand j’estime qu’un article mérite d’être partagé, je pose un tag par destination pertinente. J’en ai principalement 3 : le Slack de ma boite, avec un channel dédié à la veille, Mastodon et Bluesky. Je sais que l’audience ou le contenu n’est pas forcément pertinent à chaque fois pour tout le monde, donc je pose un ou plusieurs tags en fonction de l’article. Puis je fais appel à un outil NoCode, MAKE .

Make et NoCode

L’outil est simple à prendre en main, bien qu’avec une certaine logique dev bien plus poussée que des zapier ou ifttd. L’idée est de pouvoir définir des workflows du plus simple au plus compliqué, avec des fonctions poussées qui peuvent traiter ou modifier le contenu. Make gère très bien un très grand nombre d’intégrations… Pour vous donner une idée, voici mon workflow de partage :

L’intégration Raindrop est capable de récupérer tous les nouveaux articles sauvegardés, avec leurs tags. Chaque message (article) passe dans le routeur, et est dupliqué vers chacune des intégrations. Il est possible de mettre un filtre sur chacune des routes, c’est ce que j’ai fait, pour que seuls les messages à destination de karnott arrivent vers le slack karnott…

On notera plusieurs choses. 1.Tags[] correspond à un attribut qui passe dans mon message, et est fourni automatiquement par Make. Array Operators: Contains est aussi une fonction fournie par Make, et il y en a beaucoup d’autres, pour gérer des dates, des string, etc… Plus qu’à poster mon message. Pour le poster, pareil, les intégrations sont bien faites, et je n’ai qu’à choisir les champs qui m’intéressent.

Un point de déception me concernant, Raindrop a quelque chose de chouette que Pocket n’avait pas, c’est la possibilité d’ajouter une note à chaque lien sauvegardé. J’aurais aimé avoir accès à cette note dans Make pour l’intégrer lorsque je partage mon article, mais cet attribut n’est pas dispo…

En espérant que cela vous donne des idées. Make est un outil intéressant, je me demande des fois si sa possibilité d’être aussi complet ne les dessert pas. On est à cheval entre le dev et le no code, et j’espère qu’ils trouvent leur publique. Avant, ça s’appelait Integromat, j’imagine qu’ils ont voulu faire un rebranding pour lui donner un côté plus sympa et plus générique. Comme toujours, attention au nom choisi ! Faire une recherche google avec « Make » dans le nom n’est pas chose aisée… Chose frustrante aussi, je ne sais pas comment et avec qui trouver de l’aide sur les intégrations. Dommage…

Cher Père Noël

Je sais, je t’ai déjà écrit une lettre cette année, tu vas peut-être trouver que j’insiste un peu trop. 

Mais l’autre lettre, c’était au travail. Tu sais bien, c’est notre coutume annuelle avec les collègues, tous les ans, pour la rétrospective de décembre, on rédige notre petite lettre, pour toi père noël, qu’on lit à haute voix devant tout le monde. 

T’écrire, c’est l’occasion de faire un petit bilan de l’année. Et puis c’est surtout un beau prétexte pour réfléchir à ce que l’on souhaite pour l’année qui vient, et le partager, en équipe.

J’adore ce moment, tout le monde devrait le faire…

Cette année, j’ai eu la chance de rencontrer plein de monde de l’écosystème tech Lillois. J’ai créé ce podcast pour ça, et ça a franchement répondu à mes attentes. J’ai pu discuter avec plein de communautés, constater l’énergie qu’ils et elles mettent toute l’année à favoriser le partage. Père-Noël, soit généreux avec ces personnes, elles le méritent.

Dans les nouvelles, est ce que tu as bien noté que le Devfest Lille changeait de nom ? 2025 sera donc la première édition du Devlille. D’ailleurs début janvier, le call for paper ouvre, n’hésite pas à proposer quelque chose… 

Autre nouvelle, l’association Data Lille lance aussi sa propre conférence, les Data Days Lille, et ça aura lieu le 28 Mars à Polytech Lille. Je leur souhaite évidemment toute la réussite possible.

Cela dit, cher Père-Noël, même si j’aime bien la data, à mon gout en 2024 on a dégusté un peu trop d’Intelligence Artificielle. Je ne sais pas si le fait de pouvoir générer plein de choses a débloqué l’imagination des plus timides, mais fait moi ce cadeau Père-Noël, j’espère qu’en 2025 on reviendra un peu dans le concret, dans l’usage et la valeur ajoutée. En ce moment, dans tous les jobs, tous les changelogs de nos SaaS de tous les jours, ou tous les articles dans mes flux RSS préférés, on dirait que quelqu’un allait brûler en enfer si le mot IA n’était pas calé quelque part… Mais je vieillis, c’est sûrement mon côté rabat-joie. 

En parlant d’emploi, tu sais, les bruits qui courent sur les entreprises de la région ne sont pas très fun. On pense bien sûr aux prestataires dans la grande distribution, aux projets qui s’arrètent, aux indeps qui doivent vite retrouver une mission… Mais ça c’est le sommet de l’iceberg. Quelques entreprises de la tech mettent même la clé sous la porte, et on n’est pas vraiment été habitué à ça… Force aux équipes…

J’ai aussi une pensée pour les jeunes diplomés, toutes les personnes en reconversion, qui n’arrivent pas dans le meilleur contexte. On a un métier qui peut-être vraiment épanouissant, et j’espère que tout le monde trouvera sa place, sereinement.

Moi j’ai de la chance. Je bosse avec des gens supers, j’apprends toujours, et j’ai plein d’idées, y compris pour ce podcast. J’espère pouvoir concrétiser tout ça en 2025.

Tout ça pour dire que je vous souhaite chaleureusement de joyeuses fêtes à toutes et à tous,

Dans un estaminet ou ailleurs !

Création d’un podcast : le retour d’expérience

En juin, je me suis décidé à lancer un podcast : L’EstamiTech. Après le Devfest, j’avais l’envie de retrouver une vie sociale « tech », de rencontrer de nouvelles personnes, discuter des tendances, débattre, et puis aussi mettre en valeur ce qu’on fait dans le Nord de la France. C’est un peu pour la même raison que j’avais créé le meetup GDG Lille, il y a de cela bien longtemps (10 ans ?). Mais par où commencer ? De quoi j’ai besoin ?Je vais en avoir pour cher en matos ? Et puis ça intéressera qui ? Petit retour d’expérience…

Concrètement, un podcast, qu’est ce que c’est ?

C’est une suite de fichiers média, audio ou vidéo (j’ai découvert oui, on peut publier des fichiers vidéos en podcast…), hébergés quelque part, et exposés sous forme d’un flux RSS.
Ce flux contient les metadata du podcast ainsi que de chaque épisode, avec le lien vers le media. Si vous êtes curieux, voici celui de l’EstamiTech.

Bon ok. Je dois enregistrer des épisodes, et les héberger quelque part.

L’hébergement

Il est tout à fait possible d’héberger soit-même son podcast, avec des solutions assez complètes et Open Source, comme Castopod… sous réserve de payer un hébergement quelque part et d’en gérer la maintenance.

Sinon, il y a des SaaS spécialisés. Si vous êtes habitués des podcasts, vous aurez peut-être déjà vu passer des liens affiliés à ces services :

Tous ces services vont proposer des choses assez équivalentes. Vous allez avoir des métriques d’écoute, la possibilité de monétiser votre podcast en y ajoutant des pubs, peut-être la création d’un site personnalisé, ce genre de choses.

En ce qui me concerne, je me suis tourné vers Zencastr, je vais vous expliquer pourquoi.

L’enregistrement

Vous imaginez peut-être qu’il faut absolument un petit studio bien cosy pour accueillir ses invités et un matos hors de prix. Alors oui, ça peut. Et c’est sûrement très sympa. Quand je suis allé voir Damien Cavaillès (merci encore pour tous les conseils <3) pour leur demander ce qu’ils utilisaient pour la captation de leurs interviews chez WeLoveDevs, il m’a montré quelques bons micros, une petite table de captation/mixage, et on en a vite pour 1000€. C’est tout un univers, et je n’y connais pas grand chose.

Mon ambition pour cette première année, c’est déjà de tester, voir si ça m’amuse, si ça intéresse quelques personnes, et si je trouve matière à enregistrer régulièrement. Je m’adresse principalement aux développeuses et développeurs du Nord de la France, c’est une audience de niche, et je suis conscient que même si je m’étais adressé à une audience élargie, avoir de l’écoute n’est pas simple.

Donc pour me simplifier la logistique, ma stratégie est de capitaliser sur l’effet Covid et le télétravail, et espérer que mes invités ont le matériel adéquat pour faire des visios de qualité. En ce qui me concerne, j’avais un micro Blue Yeti avec un faux contact, et j’ai investi pour un micro Rode NT-USB+ acheté en promo. Je regrette un peu, le fait que la captation se fasse sur le côté du micro ne le rend pas très adapté à un bras articulé.

Vient le moment de l’enregistrement, et c’est là qu’intervient Zencastr. A la différence de ses concurrents, Zencastr fournit une interface de visio (comme un Google Meet ou un Zoom…) pour enregistrer à la volée l’audio, ou l’audio + vidéo. L’un de ses avantages est de fournir en sortie une piste audio différente par participant, si j’ai envie de retravailler le son ou faire des montages. Sinon, je peux aussi soumettre l’intégralité de la discussion à Zencastr qui va égaliser le son des participants, couper les blancs, générer la transcription… Bref, si on veut aller vite, ça peut être en mode effort minimum. Et pour un test je trouve ça plutôt pertinent.

Donc j’ai proposé à tous les participants d’enregistrer de chez eux, un soir de la semaine, quand les enfants sont couchés. On trouve une date, je leur fournis une trame de discussion qu’ils peuvent enrichir, et c’est parti. Avec le recul, je trouve que 3 personnes (moi compris) c’est un bon nombre. Plus c’est sport à orchestrer, il faut sûrement être entrainé.

Pour plusieurs épisodes, j’ai eu l’envie de couper certains moments trop longs, ou d’enlever des bruits parasites. Pour ça, j’ai tout simplement utilisé GarageBand, l’outil MacOS par défaut. J’ai ré-uploadé dans Zencastr et diffusé mon épisode.

Bon, mais comment les épisodes arrivent dans vos oreilles ?

La diffusion

En général, on a notre application préférée d’écoute de podcasts. Spotify, Apple Podcasts, Youtube Music, Deezer… Pour que l’EstamiTech se retrouve dans chacune de ces applications, pas de secret, il suffit de soumettre le flux RSS du podcast à chacune de ses plateformes. Vos hébergeurs peuvent vous y aider, sinon vous aurez à trouver chacun des sites qui vont bien et soumettre le fux… Une fois soumis, votre podcast sera quasi instantanément disponible.

Une part du travail que j’ai grandement sous-estimée, c’est le marketing du projet. Il faut une identité visuelle globale, des miniatures à chaque épisode, potentiellement vous aurez envie d’un jingle sympa en intro de chaque podcast… Et c’est aussi là qu’on voit le fossé entre un podcast amateur et pro. Pour l’identité visuelle, j’ai eu la chance de me faire aider, mais c’est un puits sans fond si on veut bien faire les choses.

Logo de l’EstamiTech, merci Lulu !

Pour quel résultat tout ça ?

Déjà quelques chiffres… Après 4 mois, bientôt 800 « téléchargements ». Évidemment aucun moyen de savoir si chaque téléchargement est réellement écouté, c’est le jeu du podcast. Mais cela représente un peu plus d’une centaine d’écoutes potentielles par épisode. Est-ce bien, pas bien, j’en sais trop rien… Mais ça m’a permis de rencontrer de nouvelles personnes passionnées, j’ai croisé des gens qui m’en ont parlé spontanément, et qui étaient contents qu’on parle de nous, de notre quotidien de « dev du Nord ». Pour moi objectif rempli.

Statistiques d’écoute de l’Estamitech. iOS en tête !

Pour la suite, pas mal d’idées… Je souhaite parler tech et agriculture, parler Jeux vidéo, Eurasanté, Retail, solutions de paiements, Data… Ce ne sont pas les sujets qui manquent.

Noël arrive, peut-être qu’il y aura aussi un petit investissement pour faire des interviews en physique…

Si jamais vous souhaitez me faire un retour, ou me soutenir avec un commentaire ici ou sur votre plateforme favorite, ça m’aide vraiment ! Merci d’avance !

L’EstamiTech, le podcast qui parle de la tech du Nord

Logo avec un chaudron et le titre L'EstamiTech

Il y a plus de dix ans maintenant j’ai posé mes valises à Lille. J’avais auparavant habité dans plusieurs endroits de France, ma Dordogne natale, en Alsace, dans le Limousin, mais aussi Toulouse et Paris… J’ai apprécié chaque lieu, à sa manière, avec sa façon de vivre et son écosystème.

Je ne connaissais pas grand monde en arrivant dans le Nord. Pas de réseau pro ni perso… Alors j’ai fondé en 2014 le meetup GDG Lille avec la volonté en partie égoïste de rencontrer du monde, mais aussi de voir si l’écosystème était vivant, enthousiaste.

Et je n’ai pas été déçu 🙂 

Et nous voilà en 2024. D’un meetup où j’étais seul à organiser, j’ai pu assister à un Devfest de 1500 personnes. Alors ce n’est pas du tout de mon fait, ça fait bien longtemps que j’ai passé la main à des personnes pleines d’énergie !

Comme tous les ans, j’ai adoré l’événement. Des entreprises locales, des personnes intéressantes, et mon seul regret a été que ce ne soit qu’une fois par an. J’avais envie de continuer à discuter, de débattre, de comprendre ce que font toutes ces personnes de l’écosystème tech lillois.

Alors j’ai créé un podcast.

Ça s’appelle l’EstamiTech, et j’ai envie que toute l’année ça puisse être un lieu de discussion, de débat, comme une bonne soirée dans un estaminet où on est fier de parler de ce que l’on fait avec un peu trop de conviction !

Pour ce premier vrai épisode, les organisateurs du Devfest Lille m’ont fait la gentillesse de venir parler des dessous de l’organisation d’un tel événement. Alors un grand merci à Fanny, Charlotte, Manu et Gérard !

Je remercie aussi Lucille et Damien pour leur aide précieuse.

Ce premier épisode est encore artisanal dans la captation, le montage, mais j’apprends et je ne souhaitais pas me créer des points de blocage par perfectionnisme. J’espère que vous apprécierez quand même !

A retrouver sur toutes vos plateformes préférées !

J’ai plein d’idées pour de futurs épisodes. Mais si jamais vous souhaitez intervenir, ma table est grande ouverte ! 

Bon appétit !

La vie en ESN versus la vie en Startup : le revers de la médaille

Fin avril, avec Hubert Sablonnière, nous avons eu la chance d’être conviés par Cyril Lakech et Damien Cavaillès dans les bureaux de nos amis de WeLoveDevs pour deux heures de discussion. Pendant ces deux heures, avec Hubert nous avons retracé nos parcours en société de service, ce qu’elles nous ont apportés dans nos carrières, et ce qu’on a mis en place pour tenter de nous différencier et de progresser.

Deux heures, c’est long ! Si vous aimez les podcasts, écoutez nous en version audio 😉

Dans cet univers assez lisse que sont les sociétés de service, il s’agit bien de trouver un vecteur de différenciation pour faire son trou (vous faites partie « des devs »). Pour Hubert, c’est passé par l’expertise technique et son succès en tant que speaker reconnu. Pour moi c’est passé par mon travail dans les communautés tech par lesquelles je suis passé, et plus particulièrement le GDG Lille. Et c’est là qu’il y a débat : ça nous a demandé beaucoup de travail personnel sur notre temps libre, même si nos ESN respectives nous ont soutenues comme elles pouvaient, que ce soit en temps disponible (« non facturé ») ou en sponsoring… Bien entendu elles y ont gagné en visibilité et en image developer friendly. Bref, le débat n’est pas clos, n’étant pas tous égaux devant l’investissement personnel que chacun peut mettre en dehors des heures de bureau.

Au final avec Hubert nous étions d’accord sur les raisons qui nous ont fait changer de parcours. Nous voulions choisir les structures dans lesquelles nous travaillons, des structures avec un impact concret sur ses utilisateurs, conformes à nos valeurs. Et surtout, nous voulions nous sentir vraiment utiles à nos entreprises.

La recette du bonheur est bien entendu plus complexe…

Je tenais à mesurer un peu mes propos. Oui, j’aime mon job, mes collègues, mon impact dans l’entreprise et ce que nous faisons tous les jours. Cela dit, parlons un peu plus des différences entre mon ancienne vie de développeur en ESN et ma vie actuelle en startup.

Je parle des sociétés de service, parce que c’est mon expérience. Mais concrètement, la vie du développeur en société de service se résume beaucoup à la vie chez son client. Et statistiquement, vous avez plus de chance de travailler en sous traitance pour des grands comptes que pour une PME. Et c’est là un point important : mon article devrait sans doute s’appeler Grand Compte versus PME, quelles différences pour un développeur ?

Travailler en mode Projet

Je n’ai compris que très récemment à quel point l’équipe technique était une entité bien à part dans une grande structure.
Oui une équipe technique sur un projet peut avoir une pression folle, un management toxique, le projet peut-être compliqué et n’avoir aucun sens ni technique, ni produit, ni rien. On est tous d’accord. Mais mon propos est tout autre : la mission de l’équipe se résume souvent à réaliser un service bien défini.

Un input : le besoin, un output : le produit conçu

Bon, dans la vraie vie de la grosse entreprise ce n’est pas aussi binaire bien entendu. Votre projet évolue dans un environnement complexe, qui vous dépasse. D’un côté vous avez les moyens d’agir, la main d’œuvre, les outils. D’un autre côté, beaucoup de décisions sont prises à l’échelle de l’entreprise, et votre équipe ne pourra que les subir. Vous avez envie de faire bouger les lignes ? Il faudra vous confronter à une inertie très forte. Convaincre, sortir des KPI, construire sa roadmap autour de convictions fortes, et puis du jour au lendemain, non. Maintenant chez <GRAND_GROUPE> on fait comme ça et pas autrement. Ce manque de sens, d’autonomie et cette incapacité à changer les choses m’ont fait migrer vers la startup.

Et travailler en mode…. Startup ?

Quand j’ai rejoint Karnott, j’ai surtout rejoint deux personnes qui avaient une idée et la vision d’une agriculture connectée au service de l’agriculteur. Il faut se rendre compte qu’un « founder » en startup, c’est quelqu’un qui croit dur comme fer en son idée et qui met toute l’énergie pour y arriver. Et il en faut de l’énergie pour tracter tout le monde. De mon point de vue c’est un mélange d’enthousiasme, de force de persuasion, d’énergie, d’insouciance et de sentiment d’invincibilité. Soyons réalistes, je ne coche pas toutes les cases et je ne me lancerai jamais seul 🙂

La première conséquence de travailler avec des entrepreneurs, c’est qu’ils se réveillent souvent le matin avec une nouvelle idée. Un problème ne reste jamais longtemps un problème, ça se transforme en idée, voire en opportunité.

J’ai essayé de lister quelques difficultés courantes auxquelles il est difficile d’échapper dans une jeune startup. Peut-être que certains points sont communs avec les grosses entreprises mais je pense que ça sera toujours exacerbé par le contexte startup.

Premier point : ambitions, vélocité d’équipe et réaction face à l’échec

Les ambitions sont toujours énormes. On va bouleverser le marché, aller plus vite que les autres, faire les choses mieux avec une expérience utilisateur incroyable. On fait du LEAN, on sort un MVP, on trouve nos premiers utilisateurs, on se sent fort. On a de la traction (croissance), et maintenant il faut convertir. Faire de son MVP un produit qui a de la gueule… Il n’empêche qu’on est toujours 3 développeurs, que les stories s’allongent à l’infini, et que les idées arrivent toujours en nombre.

Viennent aussi les premières désillusions commerciales. Il faut changer de fusil d’épaule, alors qu’on avait entamé le super chantier tech dont on parlait depuis des mois. Hop, on met tout ce travail dans un tiroir, et on repart d’une feuille blanche. Moralement, techniquement, c’est dur.

Les équipes techniques ont besoin de stabilité et de sérénité : ce n’est pas l’apanage d’une startup.

Second point : la variété de sujets à traiter

Cette capacité à mettre son travail en suspens pour travailler sur autre chose, ça n’est pas lié qu’au produit. Une startup, c’est une entreprise complète avec son équipe commerciale, sa compta, sa gestion du support, son comité de pilotage… Une startup, c’est une seule équipe dont vous faites partie. Et cette équipe, pour avancer sur plein de sujets, elle a besoin de vous. Vous n’aimez pas faire du support ? Le marketing / SEO n’est pas votre panacée ? Faire des tableaux de bord de suivi ne vous intéresse pas vraiment ? Et quid de la facturation ? Pourtant on a vraiment besoin de vous, et c’est toujours urgent. Alors il faut être malin, trouver les solutions les plus efficaces pour mettre tout en place à moindre coût. D’ailleurs ce n’est pas pour rien que beaucoup de solutions no-code émergent ! Objectif : réduire la frustration des différentes personnes de la startup en les autonomisant, et permettre à l’équipe produit de se concentrer sur… le produit.

Chez Karnott, nous sommes friands de plein de SaaS pour ne pas avoir à tout faire nous-même, mais ce n’est pas magique. Et quand quelqu’un à côté de vous a besoin d’aide sur un sujet hors de votre scope principal, et bien vous l’aidez, c’est normal.

Troisième point : la charge mentale

Si vous êtes l’archétype du développeur le casque vissé sur la tête qui ne supporte pas être dérangé tant qu’il n’a pas fini sa tâche, je doute qu’une jeune startup soit faite pour vous. On peut vite être noyé par une myriade de demandes en tout genre, autour du produit mais pas que, et urgentes mais pas que. On s’implique sur nos tâches en cours et on essaie de bien les faire. Ça, ma carrière en ESN m’a appris à gérer la chose à-peu-près correctement. Mais par dessus tout ça, il y a la vie de la startup, les réflexions sur le produit, les défaites et les victoires de chacun, les changements de cap, les implications financières, les perspectives et les imprévus. Je vois ça comme un carrefour permanent, et on doit choisir le meilleur chemin : un océan de possibilités dans lequel il est possible de se noyer à tout moment.

Une autre pression permanente est celle de la réussite. Vous êtes peu nombreux, pressés, et vous devez sortir un produit de qualité. Vous savez que ces trois ingrédients ne font jamais bon ménage. Pouvoir mettre en production n’importe quand ne veut pas dire proder n’importe quoi : personne d’autre que vous ne sera là pour réparer une bêtise à 2 heures du matin si toute l’infra tombe. Vos actions ont un impact sur vos clients, mais aussi sur vos collègues. C’est un point totalement sous estimé par tout le monde, jusqu’au jour où rien ne se passe comme prévu.

Mais alors comment gérer tout ça ? On m’aurait menti, c’est tout nul la startup ?

Cet article n’est pas un article contre les startups, c’est une mise en garde. Je n’ai jamais entendu parler d’une réussite incroyable en startup où le chemin a été tout tracé, sans que les équipes n’aient douté, ou galéré à un moment.

Lorsque Damien Cavaillès nous demande l’ingrédient du bonheur, je réponds « avoir un travail où on peut avoir de l’impact », et je le pense toujours. Être confronté tous les jours à un océan de possibilités, c’est difficile, mais c’est aussi la chance de faire de vrais choix, pour le meilleur ou pour le pire.

Quelques conseils, pour ce que ça vaut :

  • Prenez soin les uns des autres. La charge mentale n’est pas une invention, ça peut être vraiment difficile. Je pense qu’un élément de toxicité, c’est de penser que la personne à côté de vous peut tout encaisser.
  • On foire ensemble, on réussit ensemble. Autonomisez les équipes, ne cherchez pas à tout contrôler. Quand tout le monde est dans son rôle et se sent libre de ses choix, la personne avancera sans contrainte et sera plus efficace. Et puis si vous êtes son manager, cela vous déchargera d’un poids. L’échec ne sera pas son échec, et la réussite ne sera pas la votre. On vit l’aventure ensemble. L’équilibre est à trouver. En tant que CTO, je cherche à distiller la bonne quantité d’information pour rendre les équipes autonomes sans pour autant les surcharger mentalement. Exercice de funambule.
  • Identifiez bien les rôles de chacun. Pour que le point précédent réussisse, il me paraît important que chacun sache exactement quelle est sa place dans l’entreprise. Ne nous marchons pas sur les pieds…

Conclusion

J’adore les gens avec qui je bosse, j’adore mon job. En 2021, en tant que développeur, nous avons le luxe de pouvoir choisir dans quel contexte travailler. Une ESN n’est pas un mauvais choix, une grosse entreprise non plus, tout comme la startup. C’est juste différent, et il est important d’avoir toutes les clés en main pour choisir.

Il reste une dernière catégorie, l’entreprise de taille moyenne (50+) avec une belle équipe technique. Sur le papier, j’ai l’impression que cette typologie apporte une certaine stabilité dans l’équipe tout en donnant les moyens d’agir à son échelle. Prochaine étape pour Karnott?

L.B.