[Devoxx France] Des keynotes, une expérience…

Devoxx France, déjà, qu’est ce que c’est… C’est l’histoire d’un mec… En fait, non. C’est plutôt l’histoire d’une idée je crois… L’idée qu’il existait en France assez de mecs passionnés pour venir de toute la France assister à des conférences variées sur le développement. Alors les gars du Paris Jug se sont pris par la main, et se sont dits qu’ils allaient le faire, sous la forme d’une franchise, Devoxx (pour plus d’information, allez lire le blog du Touilleur Express qui faisait partie des organisateurs…). Tout cela était réparti sur 3jours : une première journée dite « université », et les deux suivantes dites de « conférences » (auxquelles j’ai pu assister). Le premier jour des conférences, Antonio Goncalvès nous a accueillis pour la première Keynote. Il en a profité pour nous raconter comment nous étions arrivés là, et surtout pourquoi.

Quelques chiffres tout d’abord…

  • 3 jours
  • 133 présentations choisies parmi 488
  • 199 speakers
  • 36 JUGs et UGs présents
  • 450 participants inscrits le 11 novembre (qui était l’objectif initial), puis 650 participants le 2 février, pour enfin…
  • 1250 participants le 4 avril !
La première édition s’est donc tenue à guichet fermée.
© Arnaud Héritier

Quatre ans et demi de vie professionnelle et au cours de ces quatre années, je me suis progressivement rendu compte que notre métier n’est pas comme les autres. Il fait partie de ces domaines où une remise en question permanente est nécessaire, où une mince frontière sépare le développeur pantouflard du développeur investi ou passionné. Plus que tout, il faut être humble, et vouloir apprendre encore et toujours…

C’est ce que j’aurais dit si je devais résumer très brièvement les keynotes de Devoxx France, et plus particulièrement celles de Pierre Pezziardi et de Patrick Chanezon.

En effet, Pierre Pezziardi a présenté le jeudi une keynote nommée « Fier d’être informaticien ». Il annonçait la couleur en partant d’un constat simple : notre métier souffre d’une image désastreuse… Trop de complexité, perte de marge avec le temps, 99% de la dépense d’énergie est en amont et en aval d’un projet informatique, la séparation penseur / faiseur étant immense… Pierre a voulu nous mettre face à des évidences qu’il est parfois plus facile d’oublier: il nous arrive de travailler dans le vent, juste pour la lubie d’une bureaucratie éloignée des réalités et des besoins réels. Et c’est aussi à nous à nous investir, à communiquer, à rester humble devant notre travail et celui des autres… Quelques mots d’ordre qui changeraient beaucoup s’ils étaient appliqués : humilité, bon sens et communication.

Photo de Pierre Pezziardi

Au passage, il nous a présentés « egoless programming manifesto » qu’on devrait avoir sous la main en permanence…

  1. Comprendre et accepter que l’on fait des erreurs
  2. Vous n’êtes pas votre code
  3. Peut-importe votre niveau de kung fu, quelqu’un est meilleur
  4. Ne pas réécrire le code d’un autre développeur sans concertation
  5. Traitez les personnes qui en connaissent moins que vous avec respect et patience
  6. La seule constante dans le monde c’est le changement
  7. La seule autorité réelle découle de la connaissance, pas de la hiérarchie
  8. Battez vous pour vos convictions mais pitié acceptez la défaite
  9. Ne soyez pas « le gars dans le bureau »
  10. Critiquez le code pas le codeur. Soyez tolérant avec le codeur et sans pitié avec le code

La deuxième keynote de vendredi, de Patrick Chanezon se rapprochait de ce constat. Il a pris en exemple Georges qui « code des applications Java pour un grand compte ». Un exemple classique en somme. Des itérations sur des années entières pour un résultat mauvais, de la complexité, on s’éloigne de la réalité, du progrès, de la technique, l’évolution logique dans la carrière de Georges étant chef de projet. Mais Georges, il était bon dans le code,  et il serait heureux à coder… Mais en France cela ne se passe pas comme ça… Patrick nous montre gentiment que si c’est ce que nous souhaitons, nous devons être fiers d’être développeurs, et nous pouvons le rester, se tenir à jour, et apporter un vrai plus à un projet.
Je vous encourage à regarder ses slides qui sont vraiment chouettes et qui nous ont fait sourire !

 

Photo de Patrick Chanezon © Arnaud Héritier

La dernière Keynote dont je vais parler très rapidement et que j’ai trouvé importante est celle intitulée Heaven & Hell, de Ben Evans et Martjin Verburg. Un seul constat : tout peut basculer très vite. Notre microcosme Java est dans une bonne dynamique, mais cela ne tient qu’à nous de nous investir dans l’Open Source, de continuer à faire évoluer les projets et à nous impliquer pour ne pas voir tout basculer dans l’enfer de l’abandon, et de la fausse route… En tout cas ce sont deux speakers rigolos, abordables, et passionnés.

© Arnaud Héritier

 

Je passerai sous silence la Keynote d’IBM qui n’avait que pour seul intéret d’avoir rapporté de l’argent sponsor à l’organisation…

Par contre, la dernière Keynote de vendredi, nommée « Abstraction Distraction », par Neal Ford, était pour moi un des moments forts de cette édition de Devoxx. Ce mec est un showman. Il a fait une présentation millimétrée, maitrisant à la perfection chacun de ses slides, de ses phrases, un rythme permanent, une motivation et une conviction, j’ai été bluffé aussi bien sur le fond que sur la forme… Je reviendrai plus longuement dessus quand j’aurai eu l’occasion de la revisionner à tête reposée sur Parleys, mais en gros, Neal nous a aussi parlés sous forme d’avertissement : ne vous perdez pas dans trop d’abstraction. L’abstraction cache des couches que l’on ne comprend plus, et que l’on ne maitrise plus. Il en a tiré plusieurs règles simples à appliquer, comme le fait de toujours devoir maitriser la couche N-1 d’abstraction. Bref, chapeau au monsieur…

Neal Ford © Arnaud Héritier

 

 Conclusion

C’était la première fois que j’allais à un évènement de ce genre, et j’ai commis certaines erreurs. Par exemple, nous avions accès à des conférences, certes, mais pas que, les pauses du midi et du soir étant marquées de Quickies ou de BOFs, une occasion unique de discuter plus facilement et d’échanger avec des développeurs. Mais un peu fatigué à vouloir aller à toutes les conférences, j’en ai trop peu profité même si j’ai pas mal appris (j’essaierai cette semaine de poster certains comptes rendus). Mais bon, les prochaines fois, je ferai moins de conférence qui sont de toute façon filmées! En tout cas le maître mot de ces deux jours c’était bien le mot échange. Echange entre développeurs qui aiment leur job, qui en sont fiers, ont envie d’apprendre et de partager. Et pour ça je remercie les organisateurs, les gens présents, et je donne rendez-vous avec un grand plaisir l’année prochaine !

LB.

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